L’émergence de l’hertz

Installée officiellement depuis 2005, Gaëlle Roffler s’est spécialisée dans la fabrication de guitares classiques. A travers la présentation de trois de ses modèles (« Concert », « Grand Concert » et « Divergente »), elle nous fait partager sa vision de la lutherie.



Gaëlle noue une relation avec l’instrument dès l’enfance, puisqu’elle commence à étudier la guitare classique à l’âge de 7 ans. Après une formation de graphiste et une expérience de musico-thérapeute, elle décide de laisser libre cours à ses passions, en se consacrant à la lutherie. Son apprentissage au contact d’Antoine Pappalardo s’avère alors déterminant. Après avoir acquis les bases du métier, elle ouvre son atelier et commence à développer ses propres recherches, en ayant appris à se poser les bonnes questions : non pas « comment je fais l’instrument ? », mais « qu’est-ce que je veux obtenir ? » et « comment faire pour l’obtenir ? ». D’où une certaine façon d’envisager la lutherie, consistant à mettre en jeu de nouveaux moyens, en quête de « nouvelles possibilités sonores, de timbre, de réponse » – démarche pour autant « très réfléchie », visant avant tout la précision du résultat, afin d’aller « toujours un peu plus loin », dans la recherche du sustain, de la présence ou de la projection sonore, par exemple.

Pour son modèle Concert (en merisier ondé de Normandie, palissandre et red cedar), Gaëlle a développé un barrage spécifique (« comme tous (s)es barrages », précise-t-elle !). La précision du son le dispute ici à la pureté des lignes, agrémentées de touches personnelles (rosace en bois, tête asymétrique, chevalet à doubles trous). Le modèle Grand Concert (pourvu d’une table en épicéa du Risoux et d’une caisse en palissandre d’Inde) illustre quant à lui la continuité de cette quête esthétique et sonore, marquée par une attention portée aux détails et à la symbolique, tout autant qu’aux principes physiques et mathématiques (cf. le principe fractal du barrage harmonique, « chaque corde sollicitant indépendamment le barrage »). Avec la Divergente, dotée d’une double table hybride (épicéa et cèdre), aux veines orientées « en biais », on sort complètement des sentiers battus, avec la volonté de faire un instrument « qui se connecte au plus près » à l’intention et à l’énergie du musicien.

Produisant une quinzaine d’instruments par an en moyenne, Gaëlle Roffler poursuit ses recherches, investiguant ces derniers temps notamment du côté des modèles « cross over ». Ainsi de son nouveau modèle Folk cordes nylon, conciliant l’esprit d’une folk (cotes, barrage) avec la douceur et le moelleux de la corde nylon. La luthière fabrique donc « en permanence », menant de front la déclinaison de ses propres modèles (table épicéa ou cèdre) et son besoin de créer. « Les gens viennent à l’atelier ou sur les salons, ils essaient, ça leur plaît, ils partent avec… », conclut-elle en toute élégance.


Source : https://www.guitaremag.com/article/gaelle-roffler/

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