interview salon de la belle guitare a montrouge mars 2023
Gaelle Roffler - Modèle Eyël - Un idéal de clarté
Avec cette « Eyël », dite « Concert supérieur», Gaëlle Roffler propose un modèle intermédiaire entre sa « Concert » et sa « Grand Concert ».
La « Eyël » dispose du même barrage que la « Grand concert », mais avec une table d'harmonie différente, dont les veines du bois sont orientées en angle de divergence par rapport à l'axe de la guitare.
Le parcours de Gaëlle Roffier surprend par sa richesse : graphiste, musicothérapeute, elle est également guitariste classique de formation. Passionnée par le son et très attentive à l'ergonomie des guitares, elle décide de devenir luthière à l'âge de 27 ans. Principalement consacré à la guitare classique, son cheminement dans le métier sera notamment marqué par sa rencontre déterminante avec Antoine Pappalardo.
Dès lors, Gaëlle travaillera conjointement sur l'identité sonore des instruments qu'elle fabrique ainsi que sur leur confort et leur jouabilité. Ses recherches l'ont poussée à approfondir les mécanismes physiques de l'acoustique de la guitare, afin d'élaborer des solutions techniques répondant à ses exigences. Fruit d'une longue réflexion et d'années d'expérimentation, le barrage de cette « Eyël », qui, sur le plan physique, combine un principe «fractal » et un principe« constructal » marque un des aboutissements de cette lutherie. Les guitares de Gaëlle se distinguent par leur précision, la recherche d'un volume et d'un équilibre, doublés d'une large palette expressive sur le plan sonore. Si, sur celui de la facture, ce modèle s'inscrit indéniablement dans une tradition artisanale, dont les codes sont parfaitement respectés, Ü relève également d'une volonté d'innover, sensible ici (outre le barrage) à travers la disposition « divergente » des veines de la table. Une surprise qui s'inspire de principes naturels empruntés à la botanique, et dont le rendu sonore s'avère des plus heureux ! Comme pour souligner cette particularité, Gaëlle propose également une rosace discrètement « asymétrique,,, avec un filet de bois incrusté, descendant des cordes graves vers les aigües. Cette « asymétrie » se retrouve également au niveau de la tête, joliment dessinée, devenue une des « griffes » de la luthière, symbole d'un travail alliant à la fois rigueur et originalité.
L'heureux possesseur de cet instrument rêvait d'une guitare qui réunisse les qualités d'une classique et celles d'une flamenca : nervosité, réactivité, puissance et équilibre. « Telle une Formule 1, avoue-t-il, c'est une guitare qui ne pardonne pas les erreurs ! On reste frappé par sa légèreté, sa clarté et l'impact sonore qu'elfe dégage. je n'ai pas fini d'en explorer les possibilités ! »
LE POINT DE VUE DE VALERIE DUCHÂTEAU
« La tête asymétrique sculptée, c'est la signature de Gaëlle ! Et le chevalet à double trous, pour l'attache des cordes, c'est la tendance, assorti en l'occurrence d'un sillet en deux parties, une pour les trois cordes graves et une pour les aigües, avec une arête en biseau. Testons déjà les aigus. Le si est percutant ! C'est puissant ! Elle« dégage», avec une belle égalité de son. La sonorité est claire, pure, très équilibrée. Dans Bach, par exemple (Prélude en Ré majeur), on entend très clairement la polyphonie, les notes sont bien détachées. Elle réagit super bien. Très joli ! Essayons une pièce espagnole : Asturias, quand on est concertiste ... Ici, on peut aller chercher de belles nuances, avec toujours cette clarté. Un Fernando Sor ? Elle réagit bien aussi, ça reste toujours très équilibré. Les harmoniques, naturelles et artificielles, sont très belles. Elles sortent remarquablement, c'est très chantant. Les « naturelles » explosent, y compris à la troisième frette. Il y a beaucoup de caractère, et une grande clarté - peut-être la caractéristique principale de cette « Concert supérieur ». Une très bonne guitare, notamment pour la polyphonie et le travail des timbres.»
par Max Robin - Guitare Classique N° 95 - avril/mai 2021
L’émergence de l’hertz
Installée officiellement depuis 2005, Gaëlle Roffler s’est spécialisée dans la fabrication de guitares classiques. A travers la présentation de trois de ses modèles (« Concert », « Grand Concert » et « Divergente »), elle nous fait partager sa vision de la lutherie.
Pour son modèle Concert (en merisier ondé de Normandie, palissandre et red cedar), Gaëlle a développé un barrage spécifique (« comme tous (s)es barrages », précise-t-elle !). La précision du son le dispute ici à la pureté des lignes, agrémentées de touches personnelles (rosace en bois, tête asymétrique, chevalet à doubles trous). Le modèle Grand Concert (pourvu d’une table en épicéa du Risoux et d’une caisse en palissandre d’Inde) illustre quant à lui la continuité de cette quête esthétique et sonore, marquée par une attention portée aux détails et à la symbolique, tout autant qu’aux principes physiques et mathématiques (cf. le principe fractal du barrage harmonique, « chaque corde sollicitant indépendamment le barrage »). Avec la Divergente, dotée d’une double table hybride (épicéa et cèdre), aux veines orientées « en biais », on sort complètement des sentiers battus, avec la volonté de faire un instrument « qui se connecte au plus près » à l’intention et à l’énergie du musicien.
Produisant une quinzaine d’instruments par an en moyenne, Gaëlle Roffler poursuit ses recherches, investiguant ces derniers temps notamment du côté des modèles « cross over ». Ainsi de son nouveau modèle Folk cordes nylon, conciliant l’esprit d’une folk (cotes, barrage) avec la douceur et le moelleux de la corde nylon. La luthière fabrique donc « en permanence », menant de front la déclinaison de ses propres modèles (table épicéa ou cèdre) et son besoin de créer. « Les gens viennent à l’atelier ou sur les salons, ils essaient, ça leur plaît, ils partent avec… », conclut-elle en toute élégance.
Source : https://www.guitaremag.com/article/gaelle-roffler/
Parole et guitares de luthiers par Emmanuel Bighelli
Cette guitariste classique dotée d'un solide bagage technique suit les traces de son maître Antoine Pappalardo en restant proche de sa philosophie de lutherie, basée notamment sur la gestion de l'hertz, le principe fractal et la théorie du constructal, en recherche permanente d'excellence. Elle s'applique à présent à exporter ses théories sonores vers les guitares folk avec un certain bonheur.
Votre parcours
Guitariste classique de formation, je suis également graphiste et musicothérapeute. Désirant travailler sur le son et le confort de jeu, j'ai décidé de devenir luthière assez tardivement, à 27 ans. Je me suis formée pendant quatre ans auprès d'un luthier, avant ma rencontre déterminante avec Antoine Pappalardo. Il m'a ouvert les portes de son atelier et nos heures innombrables et d'échanges m'ont permis d'aborder la compréhension mécanique acoustique de la guitare, tout en poursuivant l'objectif de travailler sur l'ergonomie et l'identité sonore des guitares.
Votre gamme d'instruments
Mes guitares sont disponibles en cèdre ou en épicéa et mes barrages sont spécifiques à chaque modèle. Plus on monte en gamme, plus on gagne en précision. La guitare d'étude, très équilibrée, offre un très bon niveau de performance permettant d'être jouée jusqu'à un niveau de fin de cycle du Conservatoire. Le premier modèle Concert deux bois se décline en plusieurs versions : fond et éclisses en palissandre indien ou merisier, les éclisses en merisier avec une bande de palissandre au milieu, et une table en cèdre. La second guitare concert deux bois a une caisse en palissandre, avec une bande de cyprès ou de merisier sur l'éclisse, mais cette fois-ci dans un but purement esthétique. Par rapport au modèle d'étude, le barrage d'harmonie du modèle concert va plus loin dan la gestion du son et dans l'émergence d l'hertz. C’est l'essence même de ma philosophie de luthière : je considère la guitare comm un générateur d'hertz. Je cherche donc à gérer la création de l'hertz, à lui donner de zone d’existence, ce qui apporte des possibilités sonores complètement différente. Plus on mont en gamme, plus cette technique devient complexe. Pour le modèle Grand Concert, je me suis basée sur le principe fractal et la théorie du constructal. Le fractal est ce qui conduit le mieux l'hertz. L'idée du constructal est que l'objet créé soit l'optimisation de son utilité. Ces principes alliés permettent d'aller plus loin clans la gestion du timbre, de la couleur du son. Devant le succès rencontré par cette Grand Concert, je propose à présent un modèle intermédiaire, le Concert Supérieur. La dernière née est la divergente. Elle est construite sur les bases de la Grand Concert, en ajoutant une donnée supplémentaire, l'angle de divergence. Mon objectif était de proposer un instrument plus puissant en conservant les caractéristiques acoustiques de la Grand Concert. La guitare possède deux tables, une en épicéa et un en cèdre, croisées en angle de divergence. Le barrage est celui de la Grand Concert mais recalculé en angle de divergence, très proche du nombre d'or. Le résultat est un instrument très direct, le plus proche possible l'expression du musicien. Je produis en parallèle deux modèles de flamencas, Concert et Grand Concert, en variante blanca, negra et miel, cette dernière en poirier ondé. Le modèle Grand Concert « Elsymvir » a un barrage reprenant celui de la Grand Concert. Enfin, je viens tout juste de fabrique r une folk, de type 000, en mettant en application le principe de la divergente ! La caisse est en poirier ondé et table en épicéa. Elle n'a pas les sonorités habituelles d'une folk, c’est ce qui a plus à ceux qui l'ont essayée.
Les bois que vous préférez travailler
Le cyprès et le red cedar.
Parmi vos modèles, celui qui vous ressemble le plus
Je me sens proche de tous mes modèles, même si la divergente a une place à part, forcément, car c'est la tout dernière.
ma Gaëlle Roffler!
J'ai le plaisir de vous annoncer l'arrivée de ma nouvelle guitare faite pour moi par la luthière du Vaucluse, Gaëlle Roffler!
Depuis des années je tourne autour des luthiers, que de talents!
Il a fallut attendre le jour où je pouvais enfin passer commande
J'ai beaucoup tourné, beaucoup essayé, et il me restait toujours en mémoire le "son" des guitares de Gaëlle
Le son de ses guitares, sa sympathie, bref, je me suis tournée vers elle
Le temps des concerts, des examens, des concours, n'est plus pour moi, j'ai donc décidé de commander une guitare d'étude table épicéa pour changer de la table en cèdre de ma pappalardo
Gaëlle fait de magnifiques guitares de concert mais, heureusement pour certains guitaristes, elle continue de faire de très belles guitares d'étude
Hier était la rencontre avec ma "Gaëlle Roffler"
l'odeur, la vue, le toucher...tout me plaisait déjà puis, la prise en main, facile avec son manche assez fin, ses cordes bien montées, pas trop hautes, des aiguës déjà très clairs malgré son jeune âge ( la guitare n'avait pas été jouée avant ) de jolies basses, bref j'étais conquise
Merci Gaëlle pour avoir mis le temps et la passion pour fabriquer celle qui est devenue "ma" guitare
merci de permettre à de jeunes élèves avancés de pouvoir s'offrir une guitare de luthier
et bravo pour tes recherches qui ont abouties à des guitares de concert hors norme
ce soir je suis heureuse, la guitare dormira sur son portant, près de moi et me bercera de sa bonne odeur de colle et de bois
France Bleu Vaucluse - Les artisans d’art-Gaëlle ROFFLER, luthière
Chaque semaine, une part de notre patrimoine en compagnie de Philippe GARCIA
Gaëlle ROFFLER, luthière, conçoit, fabrique et restaure les guitares récente ou anciennes. Elle est connue internationalement pour la qualité de ses créations, de ses guitares très pointues. Elle est installée dans un bel atelier au Pontet. Philippe GARCIA nous la fait découvrir.
GAELLE ROFFLER - MODÈLE GRAND CONCERT « DIVERGENTE » - Tout en délicatesse
Musicienne accomplie (guitare classique, jazz, écriture et composition) puis musicothérapeute, Gaëlle Roffler décide de changer de cap, pour la lutherie, à l'âge de 27 ans. Elle se forme pendant cinq années auprès du Maître luthier Christophe Schuetz et rencontre de nombreux collègues dont Antoine Pappalardo qu'elle désigne elle-même comme le "Mentor de [ses] créations ". Elle emprunte désormais des voies personnelles et aime à percevoir certaines directions des capacités musicales que l'instrument pourrait avoir et, pour y répondre, mettre en application certains principes physiques, mathématiques ou tout autre concept pouvant apporter/a solution". Tout un poème! Installée dans le Vaucluse (à Le Pontet, près d'Avignon) depuis onze ans, Gaëlle Roffler s'est spécialisée dans la fabrication de guitares classiques et flamenca, autour d'une gamme étendue de modèles, de la guitare d'étude à la guitare Grand Concert "Divergente" que nous présentons ce mois-ci.
Un concept innovant
D'un style raffiné et épuré, cette guitare classique Grand Concert affiche un véritable engagement esthétique et renferme des procédés techniques novateurs nés de réflexions questionnant les fondamentaux de la facture traditionnelle. La table d'harmonie, double mais particulièrement fine, est constituée à l'extérieur (partie visible) d'une table en épicéa et à l'intérieur, d'une table en cèdre ; l'idée étant de cumuler les capacités vibro-acoustiques de ces diverses essences dont les propriétés sont sensiblement différentes en terme de réponses dynamiques et fréquentielles. De plus, leur assemblage est croisé en "angle de divergence", ce qui permet de coordonner autrement les qualités de raideur et de souplesse de ces deux types d'essences. Le barrage, fortement asymétrique, est lui aussi propre à Gaëlle Roffler (bien que l'usage de l'asymétrie soit un principe commun à de nombreux instruments tels que le luth ou le violon par exemple). Le choix de barres hautes et étroites permet de concilier souplesse, résistance et légèreté. Les appuis du chevalet, sa masse et l'angle des cordes sur les sillets ont été réétudiés pour assurer un couplage acoustique fort avec la table compte tenu de ses spécificité. Le sillet habituel est remplacé par trois sillets en os supportant chacun une paire de cordes afin de trouver un compromis entre précision des attaques, réponse dynamique et justesse de l'intonation.
Un confort indéniable
Cette guitare est légère, d'une position stable et bien équilibrée. Le manche, plutôt fin, se laisse jouer avec une étonnante facilité. Il est constitué d'une pièce d'acajou, scindée en deux parties recollées en sens inverse. La jonction du manche à la caisse est en queue d'aronde avec un assemblage de l'instrument "à la française". Le palissandre des éclisses et du fond de la caisse est superbe. L'épicéa est très lumineux d'autant plus que les deux portions qui constituent la table réfléchissent la lumière différemment à cause de l'orientation des fibres ; et ceci produit un magnifique effet d'optique qui dépend de l'inclinaison de l'instrument. Gaëlle Roffler choisit personnellement ses bois dont elle évalue la texture (couleur, veinure, flexibilité) et les qualités de résonance afin de pouvoir anticiper l'usage qui pourrait en être fait. Ses bois sèchent ensuite naturellement pendant au moins huit ans dans son atelier. La finition de la guitare est bonne avec de beaux filets multiplis en palissandre et érable. Le dessin de la rosace est minimaliste mais en phase avec le design global de l'instrument. La découpe de l'extrémité de la touche est inhabituelle car d'un arrondi en décalage avec le contour de la rosace. La personnalisation de la tête s'avère remarquable. L'asymétrie de son dessin, la liberté de trait et la conception classique du chevillier traduisent l'état d'esprit du modèle. Le vernis polyuréthane a été choisi car il n'est pas fragile, d'un entretien facile pour le guitariste et qu'il réserve moins de mauvaises surprises en vieillissant (en comparaison de la laque nitro-cellulosique).
D'une clarté exceptionnelle
La table d'harmonie est d'une étonnante réactivité. Les basses sont d'une précision redoutable, bien ancrées dans leur registre et parfaitement contrôlables. De plus, les harmonies sonnent avec une clarté et une fusion des timbres qui contribuent pleinement au charme de cette guitare. Les aigus peuvent rayonner avec de belles couleurs contrastantes et sans aucune plasticité dans le son. Ce dernier aspect est remarquable puisque le jeu a semblé respirer avec ampleur et finesse en toutes circonstances. En complément, vraiment peu d'efforts ont été nécessaires pour s'adapter à l'instrument. Le rendu sonore semble particulièrement cohérent avec le ressenti vibratoire et l'ergonomie de la lutherie. La netteté des phrasés et les possibilités d'articulation contribuent grandement à l'impression de projection du son. Le jeu peut se faire intimiste et puissant, avec une sensation de rayonnement confortable pour le musicien et une écoute de l'instrument relativement enveloppante. Cette guitare Grand Concert "Divergente" s'illustre par son élégance qui se constate aussi bien dans la conception, le confort de jeu que son potentiel musical. Elle amène de réelle possibilités de travail sonore avec un degré de fine se rare. Enfin, elle allie avec réussite expressivité et projection sonore ans mettre de côté une sensibilité musicale que des instruments trop puissants empêchent parfois d'exprimer.
Par Benoît Navarret - Guitare Classique n°74 - nov. 2016
Salon des luthiers Issoudun 2015 - Lydie Fuerte joue une guitare Divergente
Guitare Gaëlle Roffler Divergente jouée par Lydie Fuerte au Salon des luthiers Issoudun en 2015
Salon des luthiers Issoudun 2015 - Valérie Duchâteau joue une guitare Divergente
Guitare Gaëlle Roffler Divergente jouée par Valérie Duchâteau au Salon des luthiers Issoudun en 2015
Guitares au Beffroi 2014 - Guillaume Muschalle joue une guitare Grand Concert
Guillaume Muschalle joue une guitare Grand Concert Gaëlle Roffler au festival Guitares au Beffroi 2014
Graines de Guitare 2014 - Interview de Gaëlle Roffler
Interview de Gaëlle Roffler au SALON de GRAINES DE GUITARE 2014
Rédacteur : Jacques Carbonneaux
Graines de Guitare 2013 - Alice Ducoin joue une guitare Concert 2 bois
La corde nylon et plus particulièrement la guitare classique était représentée à Graines de Guitare et parmi les exposants, j'ai un grand plaisir à commencer par Gaëlle Roffler, rare femme a exercer ce métier. Je suis d'ailleurs fier d'avoir pu réunir sur un même salon quatre luthières !
Gaëlle est installée dans le Vaucluse à Le pontet et fabrique des classiques d'étude, de concert, de grand concert, à pan coupé et également des flamencas.
Pour Graines de Guitare, elle a spécialement réalisé un modèle de concert "deux bois". Les éclisses sont réalisées en palissandre avec, au centre, un merisier.
Le fond est en palissandre. Le merisier confère à cet instrument une forte élégance estéthique. La couleur de cette essence s'harmonise à merveille à celle du cèdre du Honduras du manche. Le contraste avec le palissandre est saisissant, une vraie réussite. La finition est exemplaire et la personnalité de la tête des guitares de Gaëlle est assez originale pour que l'on s'en souvienne.
Tout en restant dans des codes traditionnels, Gaëlle n'hésite pas à personnaliser son travail de fabrication avec en particulier son barrage inspiré du principe fractal. "fractales : figures géométriques de structure complexe dont la création ou la forme met en jeu des règles utilisant le fractionnement. Les fractales sont à la base d'un nouveau système de géométrie permettant de représenter des objets très irréguliers tels que les reliefs montagneux, les amas galactiques ou les côtes rocheuses très découpées. Encarta, 2001
La rosace est également du 100% Roffler. Réalisée en palissandre, sa sobriété participe à l'élégance de cette belle concert deux bois.
Une vraie beauté que je vous propose de retouver avec la guitariste Alice Ducoin.
Jacques Carbonneaux - le 23 juillet 2013Salon de guitare de Montréal 2011 - Karl Marino
Karl Marino joue une guitare de Gaëlle Roffler au 5e Salon de la Guitare de Montreal le 16 juillet 2011
Guitare Concert Roffler - Un bijou de lutherie
Gaëlle Roffler s'est déjà faite remarquer très positivement dans nos bancs d'essais pour sa guitare Grand Concert. Nous disions alors qu'elle faisait une entrée brillante et très prometteuse dans le monde de la lutherie d'art. Voici maintenant son modèle Concert. Nous avions aimé son travail et ses recherches tant sonores qu'esthétiques, c'est pourquoi nous vous présentons aujourd'hui ce bien joli modèle baptisé Concert, qui constitue le milieu de sa gamme. Au premier coup d'œil, celle-ci ne passe pas inaperçue. La conception des éclisses en deux bois qui saute aux yeux, même du plus total ignorant en lutherie. Ce système des bandes alternées de bois clairs et sombres rappelle immanquablement les guitares baroques qui étaient très souvent ainsi faites.
Noble
C'est donc un curieux sentiment de nouveauté et de nostalgie mêlées qui s'empare de nous lors de la découverte de cette jolie guitare. Mais elle ne se contente pas de cette astuce pour séduire car elle est, par ailleurs, très finement construite et fignolée. Sa table, tout d'abord, en épicéa (massif, cela va sans dire) montre une belle coupe dans le quartier du bois. Celle-ci repose donc sur ces fameuses éclisses à bandes qui sont en palissandre (bandes sombres) et merisier (bandes claires). Le fond est, selon l'option, choisi en merisier ou en palissandre, et les alternances d'éclisses sont inversables selon le modèle choisi. Cette magnifique caisse de résonance est prolongée d'un manche extrêmement bien dessiné et fin . On constate que le talon débute sa courbure tardivement (à la 11e case), gage de facilité de jeu dans l'extrême aigu. Ce talon est habillé d'une petite talonnette de palissandre. La touche en ébène est montée d'un frettage relativement épais mais confortable. La tête, enfin, est remarquable par son dessin aux échancrures sophistiquées. Elle est plaquée de palissandre et équipée de très bonnes mécanique Rubner à boutons de bois d'ébène. Les décorations, assorties au reste, consistent en une sobre rosace à rectangles de palissandre, et des filets noir et blanc en bordure de la table, des éclisses et du fond. L'allure de la guitare se révèle donc fine et élégante, et les courbe semblent adoucies par les bandes d'éclisses ainsi que par le bombé du fond qui donne l'impression que la guitare est plus fine que le standard. Le vernis brillant est fin et très proprement fait. Une belle maîtrise de la lutherie que le reste de l'essai ne dément pas.
Courtoise
La prise en main s'avère d'une évidence déconcertante, tant cette guitare est bien dessinée. On étreint l'instrument avec aisance et l'on trouve très vite ses repères. Les éclisses semblent tout de même plus fines que le standard. Le bombé de la caisse semble retirer un petit centimètre au maximum, mais il fait toute la différence. À ce plaisir de tenir la guitare s'ajoute la facilité et l'impression de souplesse des deux mains. Particulièrement la main gauche et surtout dans le registre aigu, et les démanché extrêmes, rendus aisés par le bon dessin du manche et le talon finement sculpté. Une ergonomie de grande classe.
Bombe dynamique
La sonorité est à la hauteur de la lutherie. Elle sonne avec douceur et montre beaucoup de rondeur. L'épicéa, bois connu pour sa brillance sonore, montre ici une clarté adoucie et non violente. On s'attarde du coup assez volontiers sur les phrasés et les contours des mélodies que l'on habille facilement de legato et de vibrato émouvants. La puissance, correcte, pourrait sembler parfois limitée. Mais sur un épicéa neuf, il est difficile de tirer des conclusions définitives. On est tout de même dans la fourchette de puissance et de projection raisonnable des instruments de concert. Et le plaisir sonore n'étant jamais contrarié par le plaisir tactile, il est possible de craquer très vite pour cette belle. Pour craquer, prenez le TGV et arrêtez vous à Avignon, l'atelier de Vedène n'en est pas très éloigné. Enfin, dernier détail, le prix de cette belle guitare démarre autour de 3100 €, prix public conseillé.
Philippe Spinosi - Guitare Classique n° 48 - mai 2010
Roffler GRAND CONCERT 2008 - Entrée fracassante
Installé à Vedène (84), l'atelier de Gaëlle Roffler produit une gamme de guitares classiques et flamencas. Cette discrète et sympathique jeune femme œuvre courageusement dans un métier très majoritairement masculin. Nous avons découvert son travail au salon de la lutherie du Festival de guitare de Paris.
Gaëlle Roffler propose une gamme complète d'instruments. avec trois paliers : Étude, Demi-concert et Grand Concert, dont les prix vont de 1500 à 5700 €. Le modèle Grand Concert nous a très fortement impressionnés. Aucun doute possible, les guitares Roffler font une entrée fracassante au top des meilleurs instruments actuels.
Unique
La lutherie de cet instrument n'offre que du très bon et du très beau. Les bois sont de premier choix, et la qualité du travail d"assemblage et de finition est superbe. L’instrument a de l'allure, avec son dessin équilibré et ses petites spécificités, comme le sillet de chevalet ou la tête asymétrique, qui attirent le regard et excitent la curiosité. La table est ici en Red Cedar, mais est disponible à la demande en épicéa. Elle est entourée d'un corps, fond et éclisses en palissandre indien. De cet ensemble émerge un manche en cèdre du Honduras. Son dessin est fin et bien galbé au talon. Conçu par Gaëlle Roffler en collaboration avec un ergothérapeute, il est l"un des gros atouts de cette guitare. Il porte une touche en ébène de 21 cases, qui se termine en une fine pointe au bas de la rosace. Cette rosace originale délaisse l’habituelle marqueterie au profit d'un élégant damier de palissandre indien. Plus loin. le chevalet surprend et intrigue par son drôle de sillet. En fait, il s'agit d'une succession de six petits sillets pyramidaux. La vibration de chaque corde se transmet plus précisément en restant relativement isolée des autres. L’essai va nous confirmer la pertinence de ce concept. À l’autre bout de l'instrument, la tête est sculptée selon un dessin dissymétrique de très bon goût. Les mécaniques sont de très bonnes Gotoh 35G1800, précises et souples à la fois. L’intérieur de la guitare cache un barrage spécifique propre à Gaëlle Roffler. Nous sommes donc en présence d'une lutherie superbe, fruit de beaucoup de réflexion, d'habileté et d'un savoir-faire impressionnant.
Prise en main
C'est la marque des grandes guitares : une prise en main facile grâce à la précision du toucher et surtout au rendement de chaque geste, de chaque attaque. Pourtant les premières minutes de jeu laissent croire à une guitare tendue, susceptible de fatiguer le guitariste. C’est une fausse impression qui se dissipe peu à peu car cette fermeté ne se traduit pas par une difficulté ou une fatigue, ni en main droite ni en main gauche. L’exceptionnelle ergonomie du manche dont le dessin recèle un petit secret est sans doute la raison de ce sentiment d'aisance. Les combinaisons complexes de la main gauche, comme les liés-tirés dans un barré, sont avalées sans souci. La main droite est aussi ultra précise et tendue. Il faut rester zen et relax pour attaquer. La palette sonore est malléable à souhait. La fermeté ressentie aux premiers instants devient une qualité, en offrant beaucoup plus de précision, tant pour le placement des doigts que pour les attaques. Que de qualités !
Bonne à tout faire
Dès les premières notes, la personnalité de cette belle guitare s'impose à l’oreille par la projection intense et rapide d'un son à la fois puissant et lumineux. On est immédiatement frappé par la très haute définition du timbre. Le contour de chaque note est parfaitement perceptible, même au sein d'un accord harmoniquement chargé. Les notes graves sont à la fois profondes et charpentées. Les aigus sont plus fins et étincelants. Mais cette précision au laser et cette grande clarté n'empêchent pas, dès lors que le toucher est apprivoisé, de trouver moelleux et douceur. Les variations de couleurs sont très clairement délimitées et sans équivoque. La métaphore technologique qui vient à l’esprit est celle de « guitare H.D. ». Le sillet multiple est incontestablement une formidable réussite. Finalement, la guitare Grand Concert de Gaëlle Roffler joue comme on est : l'impulsif au jeu violent trouve un tigre sous ses doigts, et le mélancolique caresse un chat qui ronronne avec tendresse. L’acoustique, toute en précision, incite au dosage et à la réflexion dans les intentions musicales. La dynamique n'est pas simplement réduite à p et f, mais permet aussi d'évoluer entre p et ppp ou de f à ff. Cette large plage de nuances se combine avec un excellent sustain, propice à de beaux phrasés. Les conditions sont toutes réunies pour faire tout simplement de la musique.
À découvrir absolument !
Philippe Spinosi - Guitare Classique n° 44 - avril 2009